Comprendre la mémoire traumatique
ou l’influence d’un passé douloureux sur notre présent 

Comment comprendre nos conflits intérieurs ?

Sommes-nous constitués de « parties » qui n’ont pas les mêmes souvenirs, les mêmes objectifs, les mêmes ressources ?
Le « moi adulte », le Moi d’aujourd’hui : occupe toute la scène quand je vais bien, que je me sens connecté au moment présent : détendu, calme et serein. Le « moi adulte » dépend de l’activité du cortex préfrontal qui est la partie la plus évoluée de notre cerveau.

Grâce à lui :

  • Je suis calme, courageux, créatif…
  • Je peux ressentir de la compassion
  • Je peux réfléchir, anticiper, prendre du recul
  • Et je peux calmer mes émotions

La mémoire traumatique : une partie émotionnelle 

Un événement douloureux a eu lieu il y a longtemps : ce « traumatisme » a été stocké dans une mémoire traumatique que l’on appelle une « partie émotionnelle » (PE) sous forme de sons, sensations, odeurs, émotions, images, pensées, croyances…
Dans la mémoire traumatique sommeillent des parties émotionnelles, des mémoires douloureuses, accumulées depuis toutes ces années.

Un événement déclencheur dans le présent

Et un beau jour, des années plus tard, un événement déclencheur va se produire et une partie émotionnelle est alors réactivée. Elle envahit la scène et fusionne avec le moi adulte : « j’ai peur », « je suis triste », « je suis angoissée » …
Mais d’où vient le « je », qui est ce « je » ?
Il vient de la partie émotionnelle activée : souffrances, voix, émotions, sensations corporelles, croyances, images... Tout le contenu de cette mémoire douloureuse se réactive et se rejoue, tel un disque enregistré il y a longtemps et que l’on réécoute.
Le moi adulte, submergé par la souffrance de la partie émotionnelle, perd sa capacité de régulation émotionnelle : le cortex préfrontal est désactivé et ne peut plus jouer son rôle d’apaisement du cerveau limbique ; le cortex préfrontal s’éteint et ne peut plus calmer le système limbique, le « cerveau émotionnel ».
Le cortex préfrontal étant impuissant à apaiser la souffrance, d’autres moyens doivent être utilisés pour y parvenir : des parties protectrices sont alors activées… Elles ont pour mission de faire taire cette souffrance.

Les parties protectrices 

Leur rôle est de faire taire la souffrance de la partie émotionnelle, quelles qu’en soient les conséquences… et grâce à elles nous avons survécu à toutes les situations douloureuses de notre enfance… Nous pouvons les remercier, mais à présent, leurs manières de nous aider deviennent contre-productives. Il est nécessaire de leur permettre d’utiliser leur énergie autrement.

Face au danger, 4 stratégies principales sont disponibles pour y faire face 

  • Essayer d’obtenir de l’aide : « Help » Appeler à l’aide c’est crier au secours, pleurer, chercher un contact rassurant ou chercher à dépendre de quelqu’un (partie protectrice qui demande de l’aide) ;
  • Si obtenir de l’aide est impossible, il peut devenir nécessaire de combattre, si cela est possible : « Fight » (partie protectrice qui combat) : elle se manifeste par un besoin de contrôle, de l’agressivité tournée vers les autres (colère, violence, méfiance) ou vers soi-même ;
  • Si combattre n’est pas possible, il est prudent de fuir : « flight » (partie protectrice qui fuit) : la fuite se traduit par une prise de distance, une incapacité à s’engager, l’usage d’alcool, de médicaments, de drogues, et par des troubles alimentaires (boulimie, anorexie) ;
  • Enfin, si chercher de l’aide, combattre et fuir sont impossibles, il reste une ultime protection qui nous vient des serpents et autres reptiles, une ultime chance de survivre : faire le mort « freeze » (partie protectrice qui se fige) : se figer, c’est se dissocier : le corps est là mais l’esprit est ailleurs. Une sécrétion d’endorphines provoque une anesthésie émotionnelle et physique.
Combattre, fuir, faire le mort ou appeler à l’aide : voilà les solutions disponibles pour éteindre la souffrance de la partie émotionnelle qui a été activée : comme des pompiers qui doivent éteindre le feu à tout prix, même si la maison doit être inondée ! Ces parties protectrices jouent leur rôle : elles éteignent la souffrance ressentie par la partie émotionnelle, mais elles entraînent des conséquences parfois graves : violence, colère, tentative de suicide, troubles alimentaires, risque de re-victimisation, dépendance affective…

Les solutions ?

  • Apprendre à se défusionner de la partie émotionnelle

    Chaque fois que vous êtes submergé par une émotion pénible (angoisse, peur, tristesse, culpabilité…) : prenez l’habitude de vous répéter intérieurement « j’observe qu’une partie de moi ressent de l’angoisse, de la peur, de la tristesse… » : en reprenant une position d’observateur, vous remettez une distance entre votre moi adulte et cette partie émotionnelle qui souffre : vous défusionnez votre moi adulte de cette partie émotionnelle, de cette mémoire douloureuse
  • Faire en sorte que les parties protectrices ne soient plus activées

      Pour cela, il faut apaiser la partie émotionnelle, cette partie enfant qui souffre encore : se représenter la partie émotionnelle comme un enfant permet au moi adulte d’apprendre à communiquer avec elle, intérieurement par l’imagination et la visualisation. Cette partie enfant ne sait rien de vous, car elle continue de vivre dans l’espace-temps du moment traumatique, comme si le traumatisme continuait encore et encore… Qui peut, à présent, aider et rassurer cette partie enfant ? Qui est présent 24h/24, 365 jours/ an ? Le moi adulte, bien-sûr ! Mais pendant toutes ces années, vous avez plutôt tenté de combattre cette souffrance, donc de repousser et d’éloigner cette partie enfant : c’est comme si vous aviez essayé de la rejeter le plus loin possible de vous… en l’enfermant dans une cave pour ne plus l’entendre ! Mais plus vous tentiez de vous en débarrasser, de la fuir, plus cette partie enfant souffrait et venait vous envahir de son mal-être… Le moi adulte doit donc apprendre à calmer la partie émotionnelle en lui apportant tout ce qu’elle n’a pas eu : amour, attention, sécurité, soins… « tu es en sécurité, maintenant » ; « je vais m’occuper toi et veiller sur toi ! »

C’est alors que la partie enfant – cette mémoire douloureuse – sera apaisée, réconfortée, aimée… Et elle ne viendra plus vous envahir de son mal-être, vos parties protectrices n’auront plus à intervenir et vous irez de mieux en mieux !